La jeunesse marocaine et le désir de travailler à l’étranger
L'équipe Jobzyn - 6 mai 2025
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Casablanca, Maroc – Une scène familière : de jeunes visages pleins d’espoir alignés devant les consulats, dossier à la main. Ayoub, 23 ans, fait partie d’eux ; sa demande de visa représente bien plus qu’un simple voyage – c’est une bouée de sauvetage. « J’aime mon pays, mais je ne trouve tout simplement pas un emploi décent ici », confie-t-il. Son rêve fait écho à une réalité bien plus large : plus de 55 % des Marocains âgés de 18 à 29 ans souhaitent travailler à l’étranger, selon Arab Barometer.
Ce désir de partir n’est pas un rejet – c’est une réponse. Face à des voies limitées pour l’épanouissement personnel et professionnel, de nombreux jeunes Marocains regardent stratégiquement vers l’Europe, le Canada ou le Golfe, où la promesse d’opportunités semble plus tangible.
L’attrait d’une vie au-delà des frontières
Travailler à l’étranger, c’est chercher dignité et perspectives. Sara, 26 ans, diplômée en informatique, dit : « Je veux me prouver dans un endroit où le mérite compte. » Pour beaucoup, l’étranger représente un système qui récompense l’effort et l’initiative, loin des frustrations locales. Environ 18 % des candidats citent l’accès à de meilleures formations comme motivation. Le rêve est autant d’apprendre que de gagner.
Pourquoi veulent-ils partir ?
Le taux de chômage des jeunes dépasse les 32 %. Chaque année, plus de 120 000 diplômés arrivent sur un marché saturé. Rachid, 24 ans, témoigne : « J’ai étudié la comptabilité. Aujourd’hui, je vends des accessoires de téléphone. » Les filières saturées comme le droit ou les lettres contrastent avec les besoins non comblés dans le numérique ou l’énergie.
Le paradoxe : plus on est diplômé, plus on veut partir. L’éducation, souvent déconnectée du marché, devient un moteur de départ. Le manque de mérite, la corruption, et les 'pistons' découragent une jeunesse qui ne demande qu’à construire.
Le coût émotionnel
Derrière les chiffres, des visages : Ayoub, Sara, Meriem. Loin de vouloir fuir leur patrie, ils veulent simplement un avenir. Certains partiraient même sans papiers, tant le mal-être est profond.
Que peut faire le Maroc ?
Des programmes existent, comme Awrach ou Forsa, mais restent insuffisants. Il faut créer un lien réel entre formation et emploi, moderniser l’éducation, et surtout restaurer la confiance par la lutte contre la corruption. Les entreprises doivent s’engager davantage pour intégrer la jeunesse.
Conclusion
La jeunesse marocaine est brillante, ambitieuse. Mais sans perspectives, elle regarde ailleurs. Offrir un avenir ici est le seul moyen durable de la retenir – ou de la faire revenir un jour.