RÉTENTION ET ENGAGEMENT : entretien avec Mélanie Benali, Head of HR chez Deloitte Extended Services

Dans un secteur où la rotation des talents est un défi permanent, Deloitte Extended Services a fait de la rétention un axe stratégique majeur. Mélanie Benali, Head of HR du Delivery Center de Deloitte à Casablanca, nous dévoile la philosophie et les actions concrètes qui permettent au cabinet de fidéliser ses collaborateurs, dans un environnement exigeant et en constante évolution.

Comment la question du turnover est-elle abordée chez Deloitte ?

Chez Deloitte, la rétention est envisagée comme une stratégie globale, étroitement liée à la performance collective. L'entreprise cherche avant tout à construire un cadre qui favorise la confiance, la progression et l'engagement sur la durée.

« Notre objectif est de créer un environnement où les collaborateurs se sentent utiles et impliqués », explique Mélanie Benali. Pour elle, la fidélisation passe par la capacité à offrir une vision claire et des perspectives d'évolution concrètes. « L'enjeu, c'est de construire un cadre où chacun trouve sa place et se sent acteur du projet collectif. »

La formation joue-t-elle un rôle central dans votre stratégie de fidélisation ?

La culture de l'apprentissage occupe une place essentielle au sein du cabinet. Dès leur arrivée, les collaborateurs intègrent un parcours structuré combinant formations techniques, mentoring et séminaires immersifs.

« Le learning est un pilier majeur », affirme-t-elle. Les auditeurs juniors participent à des séminaires d'intégration à Taghazout, tandis que les consultants suivent des sessions dédiées à la méthodologie et à la proposition de service.

« Chaque évolution de grade est accompagnée de formations obligatoires en gestion de projet, en leadership ou en management », précise-t-elle. Cette logique d'apprentissage continu encourage la montée en compétences et renforce le sentiment d'appartenance et la professionnalisation.

Comment entretenez-vous l'engagement et la transparence au sein de vos équipes ?

La transparence est au cœur de la culture d'entreprise chez Deloitte. Chaque trimestre, la direction partage les indicateurs clés avec l'ensemble des collaborateurs : résultats financiers, effectifs, taux de charge ou encore plans de développement.

« Mieux vaut être transparent, même dans les périodes plus difficiles », souligne Mélanie Benali. Cette communication ouverte renforce la confiance et permet à chacun de mieux comprendre les orientations du cabinet. « La transparence, c'est ce qui permet de mobiliser les équipes et d'entretenir la solidarité dans les moments clés », ajoute-t-elle.

Comment contribuez-vous au bien-être et à la vie au cabinet ?

La « vie au cabinet » est une dimension essentielle de la politique RH de Deloitte. Mélanie Benali insiste sur l'importance des liens humains et de la convivialité au quotidien.

« Nous organisons des séminaires par grade, des tournois de foot mixtes, une communauté de running, et même une Semaine du bien-être chaque été », détaille-t-elle. Ces initiatives favorisent la cohésion et la détente dans un environnement exigeant.

« C'est devenu un rendez-vous attendu par tous, un moment où on se retrouve, on échange et on relâche la pression. » Le bien-être est ainsi perçu non comme une simple initiative RH, mais comme un pilier de la performance durable.

Deloitte s'engage aussi sur le plan sociétal. Pouvez-vous nous en parler ?

L'engagement social fait partie intégrante de l'ADN de Deloitte. À travers sa fondation interne, le cabinet soutient chaque année des projets solidaires initiés par les collaborateurs eux-mêmes.

« Cette année, nous avons financé la construction d'un puits et d'un château d'eau dans un village touché par le séisme », raconte Mélanie Benali. L'installation, équipée de panneaux solaires, assure un accès durable à l'eau pour la communauté locale.

« Ces projets sont portés par des bénévoles de Deloitte, et c'est ce qui leur donne tout leur sens », précise-t-elle. Ces actions renforcent la fierté d'appartenance et incarnent les valeurs d'impact et de responsabilité du cabinet.

Comment abordez-vous la question de la rémunération dans un marché concurrentiel ?

Pour Mélanie Benali, la rémunération doit être cohérente et équitable. « Nous disposons d'une base de données très riche issue de nos recrutements, ce qui nous permet d'ajuster nos grilles chaque année », explique-t-elle.

Les salaires sont revus en fonction du marché, de la performance et du niveau de responsabilité. « La méritocratie reste notre boussole : chaque progression s'accompagne d'une reconnaissance transparente. »

Elle insiste aussi sur la dimension humaine du processus : « Ce n'est pas uniquement une question de chiffres, mais de reconnaissance et d'équité perçue. »

Quel conseil donneriez-vous aux entreprises qui veulent renforcer la fidélisation ?

Pour elle, la rétention repose avant tout sur deux leviers : la confiance et la projection. « La rétention ne se résume pas au salaire », affirme-t-elle.

« Si vous montrez clairement vos perspectives et que vous partagez la réalité de l'entreprise, les collaborateurs auront envie de faire partie de l'aventure. » Cette approche, centrée sur la transparence et l'alignement, a permis à Deloitte de transformer la fidélisation en véritable moteur de croissance.

« La croissance crée des opportunités : il n'est pas toujours nécessaire d'aller ailleurs pour évoluer. »

Conclusion

Chez Deloitte Extended Services, la fidélisation ne se décrète pas, elle se construit au quotidien. Formation, transparence, reconnaissance et engagement collectif constituent les piliers d'une culture qui valorise la progression autant que la performance.

Pour Mélanie Benali, la clé de la rétention tient en une phrase : « La confiance, c'est ce qui permet aux gens de rester et de grandir ensemble. »